lundi 3 janvier 2011

RETRO… : L’ECONOMIE SENEGALAISE EN 2010 : Scandales au début et à la fin



L’année 2010 qui s’achève est, à bien des égards, l’année des scandales qui ont montré le peu d’éthique des gouvernants envers l’argent du contribuable sénégalais, un bien public collecté sur la chair même des citoyens.

Des scandales, il y en a eu tout au long de l’année 2010 qui tire à sa fin. Et les derniers développements de l’affaire Modibo Diop, relativement à sa gestion de l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (Aser), sont venus allonger une longue liste de gabegie dans la conduite des deniers publics par les libéraux au pouvoir et leurs affidés, malgré les vociférations des organisations de la Société civile, chantres de la bonne gouvernance, et des bailleurs de fonds.

Tout commence en janvier dernier avec les audits de l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp) portant sur 72 autorités contractantes des ministères, agences, sociétés anonymes ou sociétés à participation publique majoritaire. C’est ainsi que plusieurs structures sont épinglées pour non respect du Code des marchés dans leurs procédures de passation des marchés. On peut citer notamment des ministères (Famille, Sécurité alimentaire, Entreprenariat féminin, Micro-Finance, Petite enfance, Forces armées, Intérieur), des agences nationales (Anoci, Apix, Plan Jaxaay, Pcrpe), des sociétés nationales (Senelec, Dakar Dem Dikk, Sn-Hlm, Port), des hôpitaux (Hoggy, Dantec, Fann), certaines collectivités locales (Villes de Dakar, Kaolack, Saint-Louis).

Awa Ndiaye bat tous les records

Mais le plus cocasse des écarts et anomalies est surtout enregistré au niveau du ministère de la Famille, dirigé par Awa Ndiaye, où les enquêteurs se sont rendus compte qu'il a été commandé une cuillère à 37 000 francs, un tapis de prière à 15 000 francs, une cuisinière grand format à 2 millions de francs, un couteau à 42 000 francs, une clé Usb 2 Go à 97 000 francs.

Alors que l’opinion n’a pas fini de s’indigner sur les audits de l’Armp, voilà que la planète-finance est à nouveau éclaboussée en mars, par l’affaire des primes de l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (Artp). Il s’agit d’une somme de 1,6 milliard de francs Cfa issue de la vente de la troisième licence de téléphonie à Sudatel que Daniel Seck, alors Directeur général de l’Artp, les membres du Conseil de surveillance et le personnel de l’agence, se sont partagés sur la base de résolutions prises par le Pr Abdoulaye Sakho et Cie. Mais dans l’entendement du juge d’instruction et de l’Agente judiciaire de l’Etat (Aje), c’est un détournement de deniers publics. D’ailleurs, Daniel Seck a eu à passer une semaine en prison avant de bénéficier d’une liberté provisoire. Quant aux autres membres du Conseil de surveillance, ils ont été obligés de consigner les sommes réclamées pour échapper à la prison.

Le secteur des Télécoms sous les feux des scandales

En juin, c’est toujours le secteur des télécoms qui est à nouveau sous les feux des scandales avec la prise du décret n°2010-632 du 28 mai 2010 instituant un système de contrôle et de tarification des appels téléphoniques internationaux entrant au Sénégal qui y instaure une surtaxe, vivement dénoncée par la Sonatel, notamment ses travailleurs qui vont même organiser un black-out total sur le réseau. Le scandale se trouve dans le choix de Global Voice chargé de faire le contrôle avec l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (Artp) qui avait décidé de confier la gestion de ces 5 milliards de francs Cfa de ressources supplémentaires sans appel d’offres. Ce qui amena finalement l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp), le 15 septembre 2010, et suite à une dénonciation de Cheikh Tidiane Mbaye, Directeur général de la Sonatel, à déclarer nul et de nullité absolue le contrat liant l’Artp à Global Voice. Mais toujours est-il que le président de la République est revenu, à la faveur du décret 2010-1524 du 19 novembre 2010 qui suspend les articles 6 à 11 du décret n°2010-632, pour reconduire les anciens tarifs.

C’est dans ce contexte que le chef de l’Etat et son Premier ministre ont décrété la mal gouvernance, le 13 septembre 2010, avec le décret 2010-1188 modifiant le décret 2007-545 portant Code des marchés. Un texte qui soustrait des pans entiers de l’Administration du contrôle des organes dédiés que sont l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp) et la Direction centrale des marchés publics (Dcmp), avec près de 500 milliards de francs Cfa du budget qui seront traités en toute opacité. On va même modifier la composition du Conseil de régulation pour augmenter sa représentation. Suite aux pressions de la Société civile – dont le Forum civil qui sera exclu de l’Armp - et des bailleurs de fonds, le gouvernement est revenu sur la composition du Conseil, mais laisse en l’état les modifications qui feront perdre 20 milliards de francs Cfa d’aide budgétaire au Sénégal venant de l'Union européenne.


L’Aser épinglé, Modibo Diop placé sous mandat de dépôt

Toujours au registre des scandales, la gestion de l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (Aser) figure en bonne place. En effet, plusieurs responsables de cette agence, dont Modibo Diop, sont écroués depuis le 22 décembre dernier pour détournement ou complicité de détournement de deniers publics portant sur plusieurs milliards de francs Cfa.

Que dire également de l’organisation du troisième Festival mondial des arts nègres ? C’est un catalogue de marchés de gré à gré d’un coût de 48 milliards de francs Cfa. Sans compter l’érection du Monument de la renaissance africaine qui vaut 15 milliards de francs Cfa obtenus avec un troc sur un terrain d’une valeur vénale de 75 milliards de francs Cfa.

Le monde rural plonge dans la pauvreté

A côté de ces scandales, le monde rural est plus que jamais confronté à la pauvreté avec l’échec de la campagne 2010 de commercialisation des produits agricoles et les débuts cahoteux de l’édition 2011. Avec les sempiternelles questions du financement, du prix en deçà des besoins des producteurs et des dettes que les huiliers doivent aussi bien aux Opérateurs privés stockeurs (Ops) qu’aux banques, notamment la Caisse nationale du crédit agricole du Sénégal (Cncas), le gouvernement a fini d’étaler ses carences dans le secteur agricole. En effet, l’Etat du Sénégal n’a daigné subventionner le prix de l’arachide au producteur qu’à hauteur de 15 francs contre 45 francs l’année passée, pour le même prix de 165 francs au kilogramme, alors que le niveau de vie a connu une grande inflation. D'ailleurs, il ne faut pas oublier que ce secteur n'est pas non plus épargné par les scandales. En effet, le grosses magouilles dans les semences ont eu la tête de Fatou Gaye Sarr et nombre de responsables du ministère de l'Agriculture et des Ops ont défilé devant la Division des investigations criminelles (Dic).

Flambée des prix des denrées de premières nécessités

Pendant ce temps, les denrées de consommation courantes prennent l’ascenseur, grevant de jour en jour les poches des Sénégalais déjà trouées. L’huile, le gaz, le pain, les produits pétroliers entre autres, ont connu de grandes hausses durant cette année 2010.

Dans le domaine de l’énergie, le secteur ne se porte guère mieux, malgré le changement de ministre qui a vu Samuel Sarr céder la place à Karim Wade. En effet, 2010 n’a pas dérogé au cycle infernal de la crise endémique du secteur, malgré les quelque 700 milliards de francs Cfa que les tenants du pouvoir disent y avoir injectés.

Mais en attendant les audits commandités par les nouveaux maîtres du secteur de l’énergie qui ont repoussé la fin des délestages à 2014 et non 2011, les populations ne ressentent aucune différence entre Samuel Sarr et Karim Wade. Parce que le mal de la Senelec reste le même : problème de trésorerie, déficit criard de production, vétusté du matériel de production, charges négatives considérables, etc.

Au niveau de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar (Cciad), les élections consulaires ont finalement eu lieu, après plusieurs reports. Le président sortant Lamine Niang qui a croisé le fer avec Ibrahima Diagne, est sorti vainqueur de ces joutes consulaires. Mais l’euphorie aura été de courte durée puisque le Procureur a ordonné l’ouverture d’une enquête qui a déjà accouché d’une série d’interpellations de plusieurs proches des deux camps. Cela fait suite à une énième plainte contre X pour faux, usage de faux, usurpation de fonction et escroquerie, diligentée par la Division des investigations criminelles (Dic).

Source SeneWeb.com

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